
Le Congrès chilien a rejeté lundi soir deux projets de loi qui visaient à autoriser de nouveaux prélèvements sur les fonds de pension, une initiative très populaire dans un contexte économique défavorable, malgré les désagréments que les techniciens ont mis en garde sur l’avenir de la retraite. Ils n’ont pas été rejetés en raison de la responsabilité des parlementaires face à un scénario complexe pour la sécurité sociale – le système de fonds de pension a subi de graves dommages depuis que le premier des trois retraits autorisés a été effectué en 2020 – mais parce que l’atomisation du Parlement l’a ne permet pas de parvenir à des accords de fond sur des questions de fond et la construction de majorités est complexe, même pour un gouvernement récemment élu comme celui de Gabriel Boric.
Le Chili a un problème complexe avec son système de retraite qui dure depuis des décennies. Dans le premier gouvernement de Michelle Bachelet (2006-2010), c’est Mario Marcel lui-même – l’actuel ministre des Finances de Boric – qui a dirigé une commission consultative présidentielle pour une réforme du système de retraite. Dans le deuxième mandat du socialiste (2014-2018), il y a eu une autre tentative, dans une commission dirigée par l’économiste David Bravo. Selon l’analyse de l’époque, les pensions seraient insuffisantes : les taux de remplacement – la pension par rapport au salaire que les travailleurs obtiennent dans leur vie active –, seraient de l’ordre de 35 %, quand la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) atteint 66 %. Le défi visait donc à renforcer l’épargne pour le système de retraite, à la fois par les cotisations de l’État et par une plus grande épargne personnelle. Au Chili, avec un système basé principalement sur la capitalisation individuelle, à peine 10% des salaires sont cités.
En octobre 2019, avec la flambée sociale, les revendications pour de meilleures retraites se sont à nouveau fortement installées sur l’agenda politique. Les fléchettes visaient avant tout le système en vigueur depuis 1981, basé avant tout sur la capitalisation individuelle dans des comptes gérés par les Pension Fund Administrators (AFP), sociétés privées qui collectent, paient les pensions, gèrent les fonds et sont la clé du système. Financière chilienne Le système de retraite dispose cependant depuis 2008 d’un deuxième pilier, avec des ressources de l’État concentrées sur les personnes disposant de moins de ressources qui ne disposaient pas d’épargne.
Le Chili était dans cette discussion jusqu’à ce que la pandémie de 2020 renverse les rôles et que le Congrès ouvre la porte au retrait de l’épargne-retraite, ce qui a été vivement critiqué par des spécialistes, comme Marcel lui-même, alors président de la Banque centrale. Bien que le Parlement ne puisse pas, de par la loi, prendre des mesures impliquant des dépenses fiscales ou affectant la sécurité sociale, il a réussi, grâce à des personnalités législatives, à promouvoir trois retraits consécutifs du gouvernement de Sebastián Piñera, ce qui a permis aux épargnants de retirer 10 % de leurs ressources pour la vieillesse. Si le système avait 250 000 millions de dollars, avec les trois retraits, quelque 52 000 millions de dollars ont été retirés, soit environ un cinquième (quelque chose de similaire à ce que le Chili dépense socialement en un an).
Aujourd’hui, des spécialistes, comme Bravo lui-même, parlent d’une sorte de suicide collectif. Car après les retraits consécutifs, les pensions pouvant être versées avec ces fonds ont chuté d’environ 38 %, selon l’économiste. Selon les données de janvier de la Surintendance des pensions, “34,5% des membres qui ont demandé un retrait se sont retrouvés sans solde sur leur compte d’épargne individuel obligatoire”.
Ce qui est en jeu, donc, ne vise pas seulement le système de capitalisation individuelle privée, qui fait l’objet de vives critiques, mais le système de sécurité sociale chilien lui-même. La réforme attendue en attente, que le gouvernement Boric cherche à promouvoir en 2022, est une inconnue avec moins de moyens. Car quel que soit le système qui existera à l’avenir – probablement mixte – il faudra de l’argent pour tenter des retraites décentes.
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C’est dans ce contexte que le Congrès a rouvert la discussion pour une nouvelle retraite, ce que le ministre des Finances refusait jusqu’à il y a une semaine, précisément en raison des conséquences sur les retraites et sur la macroéconomie : l’augmentation de la consommation a contribué à l’augmentation de d’inflation, dans un pays comme le Chili peu habitué à ce phénomène dans un passé récent. Le gouvernement Boric, ayant de sérieuses difficultés à ordonner ses propres parlementaires, a dû céder et a proposé un projet limité pour permettre un retrait de l’épargne pour la vieillesse, mais uniquement destiné aux personnes pour payer certaines dettes. Selon le ministre Marcel, cela aurait un impact d’un cinquième par rapport à un retrait sans autre condition. Des formations importantes du parti au pouvoir, comme le Parti communiste, ont choisi de rejeter le projet initial des parlementaires, pour soutenir l’initiative de l’exécutif.
Au Congrès, cependant, les deux projets de loi ont été rejetés hier soir. Ce qui s’est passé au Parlement donne un répit au gouvernement, en raison du coup dur économique qu’aurait impliqué une nouvelle saignée du système de retraite et des difficultés que cela aurait impliqué pour mener à bien son programme de transformation. Mais l’exécutif de Boric a été politiquement blessé, car un mois après son arrivée au pouvoir, ses graves difficultés sont devenues évidentes, non seulement pour ordonner sa coalition, mais aussi pour défendre, persuader et expliquer une position impopulaire sur laquelle on est convaincutel qu’analysé par un autre des économistes respectés du marché chilien, le socialiste Óscar Landerretche.
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